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Paroles d'une fracture au coeur, les sens en émoi : Un livre-oeuvre d'arts. "Dans la Ju

"Dans la jungle"

d'Agnès Vannouvong

Je remercie chaleureusement l'auteur ainsi que les éditions Mercure de France pour ce partenariat.♥

 

Pour se procurer ce livre merci de copier l'un de ces liens :

Fnac : http://livre.fnac.com/a9365833/Agnes-Vannouvong-Dans-la-jungle

Amazon : https://www.amazon.fr/Dans-jungle-Vannouvong-Agn%C3%A8s/dp/2715243529/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1465136958&sr=8-1&keywords=dans+la+jungle+d%27agn%C3%A8s+vannouvong

 

Mon résumé :


May est française mais comme beaucoup de français aujourd'hui, elle porte en elle des origines, des souvenirs, un passé qu'elle n'a pas vécu, qui fondent son identité, sa richesse de l'âme. Stéphane, son ami, est parti, il est mort là où elle est née.

Elle décide de partir pour un nouveau départ et on la découvre dans cette jungle aux multiples caprices, aux multiples lois.


Elle passe par la jungle, puis découvre le village natal de sa mère, se confondant (pas totalement) dans cette masse à la peau colorée, à la langue différente et tellement commune à May. Puis Bangkok qui dévoile sa richesse, ses changements...La Thaïlande devient un personnage aux multiples lieux et facettes.

Mais, elle, May, où veut-elle réellement aller ?

 

Mon avis :


L'autre fois en cours de philosophie, on parlait de l'Art. La professeur que j'inviterai à regarder cet article, nous a demandé si une oeuvre jouait pour nous une base, quelque chose de rassurant, dont on ne peut se lasser. J'aurais pu citer des exemples musicaux, quelques tableaux qui m'impressionnent, la poésie de Victor Hugo ... et maintenant, ce livre : "Dans la jungle" d'Agnès Vannouvong.


Il y a des livres écrits où le véritable plaisir réside entre leurs lignes. Je pense que l'auteur est une peintre, elle peint avec ses mots des paysages d'une beauté bouleversante. On arrive à partir, à voyager, à décoller. Je l'ai ouvert assis dans un bus, je l'ai refermé en étant assis dans un avion.


L'histoire se passe en Thaïlande, le pays d'origine de cette française nommée "May", où son ami Stéphane a laissé sa vie quelques semaines plus tôt dans des circonstances peu claires. Elle a décidé de tout abandonner et c'est dans la jungle que nous faisons sa connaissance. L'auteur a écrit des descriptions à couper le souffle du lecteur. Heureusement que je ne compte pas les "Waw" dits à voix hautes, le nombre serait grand. La couverture pourrait être recouverte de multiples "Évadez-vous en lisant ce livre" à juste titre. Cette jungle est présentée dans tous ces détails, elle devient dangereuse, attrayante, elle est à la fois magnifique et repoussante par sa dangerosité. Elle fait pleurer de rage, d'énervement May. Et puis ce paysage devient le symbole de ses émotions plusieurs fois. On lit page 28 cette phrase magnifique :


"May ne pleure pas, la pluie d'été est devenue sa colère"

May traverse cette forêt avec un homme, Say, guide qui a connu Stéphane, et ils s'énervent. Elle se retrouve quelques jours seuls après une dispute plutôt mouvementée. On comprend alors les raisons de May dans son départ de la France. Sa vie n'avait pas assez de sens, elle est partie dans l'optique de "Partir pour le retrouver, Partir pour se retrouver". Son identité est basée sur ses origines et ce fleuve du Mékong, cette jungle puis le village et Bangkok et enfin cette île, de Thaïlande. Elle n'a pas vécu longtemps là-bas, mais tout son passé même celui qui ne lui appartient pas, qu'elle n'a pas vécu sensiblement fait partie d'elle. Qui est-elle ? "Qui suis-je?" Le rapport à l'identité et surtout aux souvenirs, à la douleur comme à la joie qu'ils peuvent provoquer, est très bien retranscrit ici. May est très mélancolique, tourmentée par son passé et celui de sa mère. Elle apprend des détails qui la lie encore plus à cette terre où elle réapprend à marcher, à avancer.

Fleuve du Mékong, source officielle inconnue.


En retournant sur cette terre, elle casse l'exil sans retour de sa mère. Il y a un rapport très beau avec la langue, la culture, tout devient objet de nouveaux souvenirs. Le narrateur dit d'ailleurs :

"C'est un passé qui ne lui appartient pas et qui façonne son présent. May reconstitue les pièces manquantes d'un puzzle familial diffracté"


May recherche au final une liberté. La jungle la limite, l'auteur met ça en avant de manière très belle et là aussi cet extrait pourrait servir d'exemple philosophique tellement il est fort.

"La jungle rétrécit son être, son souffle, sa voix. C'est un règle hostile."


Elle fait face à la Nature toujours plus forte, dangereuse. Mais cette liberté, May se bat pour l'avoir, elle nage, elle retrouve sa liberté corporelle; tant qu'à sa liberté de l'âme, de l'esprit, elle ne semble pas pouvoir y arriver. Elle pense constamment à son passé, à ses souvenirs, aux questions dont elle n'a pas de réponse. Elle est la prisonnière du temps passé. Et j'ai d'ailleurs eu envie de lui souffler "Carpe Diem", cueille le jour présent, pour qu'elle se libère et profite encore plus de ce qui l'entoure. La liberté, elle la donne, à des oiseaux enfermés dans une cage. J'y ai vu dans cette scène deux libertés : déjà elle paie ces oiseaux à une femme qui n'attendait que ça pour se sentir libre et puis elle laisse les oiseaux s'envoler. C'est avec les larmes aux yeux que j'ai lu cette force émotionnelle du récit. On pleure par amour, par désespoir, par compassion et grâce à la beauté du style de l'auteur.


L'auteur parle d'énormément de choses dans cette centaine de page, nous mettant des claques qu'on redemande avec plaisir et envie. On s'accroche dès les premières lignes à ce vocabulaire riche, à cette vision très détaillée et poétique, à ce bouleversement des émotions si bien du personnage, May, que du lecteur. C'est une ode à la vie, aux couleurs, aux odeurs, aux sensations et même aux souvenirs ! (Allez voir page 77 pour confirmer mes propos)



Agnès Vannouvong a donc pris la Thaïlande pour décor ce qui devient par ces lignes presque un personnages. 4 parties, 4 paysages, 4 fois plus de soupirs d'émerveillement. Les détails sont passés au crible, le moindre grain de poussière devient presque tout un symbole et c'est beau et bon à lire. L'historique est donc là, la réalité géographique aussi : avec la gentrification par exemple. Ajoutant à ce livre, une richesse inouïe, je pense que je pourrais parler de ce livre des heures et des heures et que je vais le relire multiples fois tellement il m'a charmé. Je suis tombé amoureux d'un livre et c'est celui-ci.


Je vais finir ma chronique sur un personnage encore peu évoqué jusqu'à présent et pourtant essentiel à la vie de May : Stéphane. Essentiel, puisqu'il a permis à May de découvrir son pays d'origine et le lieu de sa mort. On le retrouve dans le roman, Stéphane est un tout, l'auteur aurait pu appelé ce livre tel Louis-Ferdinand Céline, évoqué ici, "Voyage au bout de la nuit de Stéphane", avec la nuit métaphore de la mort. May cherche à comprendre, à saisir, à voir son ami sur le lieu de son départ. Elle donne une nuance thriller poétique au récit. Puissant. Je l'ai vu comme un pilier d'un temple, il se fait parfois discret mais sans lui tout s'écroule. Il tient parce qu'il vit dans les souvenirs, lui, qui avait finalement si peur d'être oublié.


"Le Temps", "A la recherche du temps passé" , "Souvenirs" , "Carpe Diem" , tant de titres possibles pour ce roman intitulé "Dans la jungle". Un roman d'une puissance bouleversante, aux émotions fortes transmises aux lecteurs déroutés. J'ai aimé, pleuré, découvert. Bref, j'ai appris. J'ai eu un énorme coup de cœur en le lisant et il a été puissant. Je vais le lire, le relire, dans le bus, sur mon lit, peut-être même sous la douche. Il fait parti des livres dont aimerai un billet d'avion pour aller voir tout ce qui est décrit. Le livre en lui-même est un voyage.

 

Agnès, merci, merci pour tout cela. Merci d'avoir bouleversé mes pensées, mon chemin. Je vous aime, vraiment très fort. Merci de la part de la littérature.


Merci aux éditions Mercure de France pour l'exemplaire, pour votre message sympathique et rapide, j'espère que cette chronique vous satisfera. J'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire et à lire ce roman que vous avez publié. Merci à vous de donner la possibilité de découvrir de si beaux romans.


Je finirai par ces mots, pour moi est une oeuvre d'arts : photographies, peintures, littératures, tout cela soufflé aux lecteurs par des mots. Chapeau, l'artiste !

 

Complément :




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