top of page

#MARATHONLittéraire N°1: Ismaël Saidi - DJIHAD - La Pièce. Les maux de musulmans incompris !

Petite Note : Le Hasthag #MARATHONLittéraire interviendra dès lors que je lirai plusieurs livres d'un seul auteur dans un temps relativement court ! Et le premier sera pour Ismaël Saidi pour qui j'ai reçu deux livres !

"DJIHAD

 

LA PIÈCE"

d'Ismaël Saoudi

 

Vous pouvez vous procurer l'ouvrage en copiant ce lien :

https://www.amazon.fr/Djihad-pi%C3%A8ce-son-dossier-p%C3%A9dagogique/dp/2875572091

 

Mon résumé :

Reda, Ben et Ismaël sont sur le départ pour le Djihad et revoit leur organisation. Huit tableaux font avancer l'action et les différents lieux pour ces trois aventuriers aux réflexions parfois naïves qui poussent à la réflexion


Mon avis :

La préface de cette pièce résume mon avis et la situation actuelle entre les dijadistes et le monde. L'Islam est quand même pointé du doigt, avec une approche juste que ne semble pas partager totalement Ismaël Saidi selon les mots de Rachid Benzine. Il explique les origines, l'historique de l'Islam, ce qui m'a parfois manqué de clarté mais qui ne repousse en rien cette préface riche et poussée dans la réflexion. Je ne connais pas la relation entre les deux auteurs, je ne sais pas si Ismaël Saidi a choisi Rachid Benzine, je trouve très judicieux d'y avoir placé cette préface qui pose les premiers mots sur cette pièce au titre explicite " Djihad"

La pièce

8 tableaux et un épilogue, c'est la construction de cette pièce. Je ne connaissais pas l'expression "Tableau", je pense qu'il est fait référence au changement de lieux qui ont ici une grande importance. Les tableaux sont des scènes courtes, un langage sans fioritures, sans poésie, tout simplement réaliste. Les personnages sont crédibles même si j'ai trouvé étrange que l'auteur ait gardé les prénoms de ses comédiens.


Premier tableau,

on découvre donc : Reda, Ismaël, Ben qui partent prochainement, leur localisation n'est pas très précise. Ils sont sur un bancs en Belgique, et leur dialogue est teintée d'absurdité surtout de la part de Reda qui voit le conflit du Djihad comme dans le jeu vidéo de guerre Call of Duty. En citant ce jeu vidéo, l'auteur a peut-être voulu y insérer une critique, une violence beaucoup trop exposée qui peut monter à la tête et pousser à reproduire l'univers du jeu dans la réalité. On comprend que cette organisation est désordonnée, Ismaël semble le plus lucide dans cette scène où il vérifie avec précaution que tout est bien prêt. Ben est un peu en dehors, il semble très confiant, peut-être trop, sans rien prendre réellement au sérieux. Trois personnages avec une présence sur scène et dans le texte.

Deuxième tableau,

le départ, on retrouve un Reda drôle qui se mêle à la partie du texte plus sérieuse et qui expose les règles absurdes que réclame le Djihad : pas le droit d'écouter de la musique par exemple. Ils sont mal vus par les douaniers de l'aéroport, des paroles assez vulgaires leur sont prononcées. C'est un combat entre deux camps: d'un côté il n'y a pas le respect des douaniers, et de l'autre l'absurdité des règles djihadistes. Ils ne semblent pas tout à fait prêts à partir dans ce combat qui leur est encore inconnu. Reda est idiot, le mot est peut-être cru mais c'est le cas et comme je l'ai dit plus haut il apporte ce côté humoristique qu'on a besoin d'entendre. Par sa naïveté, il montre son humanité au-delà de toutes religions. C'est d'ailleurs le personnage qui souffre le plus des restrictions religieuses, il ne peut pas épouser Valérie, non-musulmane.


Troisième tableau :

" BEN : [...] Adolescent, j'ai travaillé dur comme étudiant pour amasser un maximum d'argent et pouvoir réaliser mon rêve.

REDA : T'inscrire à la Star Academy

ISMAEL : Non , il attendait qu'on t'inscrive à la "Hmar Academy" d'abord. Arrête de le couper. Continue, Ben.

BEN : Partir vivre le rêve à ... Graceland !

REDA : Graceland ? Le magasin à Anderlecht ? C'est si cher que ça ?

ISMAEL : C'est Dreamland ça idiot !

BEN : Non, Graceland aux Etats-Unis. J'étais entouré de pèlerins qui comme moi voulaient toucher le rêve de près. [...]"

Ce passage est un de ceux qui m'ont fait mourir de rire ! On comprend par l'humour la désillusion qu'a connue Ben, celle de la société occidentale, presque une justification de son voyage pour le Djihad, je pense. Il me rappelle Ismaël Saoudi, qui dans "Les aventures d'un musulman d'ici" confie qu'il a finalement continué d'écouter Jean-Jacques Goldman malgré le fait qu'il soit juif. Reda reste toujours aussi idiot, manipulable sûrement face à Ismaël plus posé et pragmatique mais qui montre aussi des faiblesses face à un raisonnement archaïque. Il y a toujours cette recherche de raisons qui les ont poussé à se lancer. C'est très riche et bien tourné grâce à l'humour du dramaturge.


Cinquième tableau :

"BEN : Oui mais dans doute ...

REDA : ... Abstiens-toi !

BEN : C'est pas un proverbe islamisque, ça.

REDA : Ta Kalachnikov non plus"

Ce court extrait fait raisonner une vérité: Les textes religieux ne poussent pas à la guerre explicitement. Face à ce Michel, arabe et chrétien qui pleure la disparition de sa femme, les premières questions se posent : Qui et où est l'ennemi qu'ils fusillent depuis quelques jours ? Dès lors qu'ils ont un homme en face d'eux leur humanité chasse la barbarie et les empêche de tuer. C'est très judicieux de la part de l'auteur. L'auteur est musulman et pourtant il semble avoir créer des personnages avec une foi parfois douteuse pour certain, par exemple pour Ben qui a révélé son passé dans une scène précédente. Mais Ismaël semble avoir vu dans la religion, un moyen de se retrouver dans le droit chemin en se privant de sa passion.Le Djihad semble prendre alors une autre tournure dans l'esprit de ces guerriers jadis engagés.

Sixième tableau :

Ici se pose la question de l'intégration et des origines : " Suis-je belge ?". Reda avoue que la Belgique lui demande, s'en est trop pour Ismaël qui déverse sa colère dans des mots très justes qu'on peut retrouver aussi dans l'esprit de son témoignage que j'ai chroniqué précédemment :

" ISMAEL :


Non, idiot ! Je veux dire qu'on ne sera jamais considérés comme des autochtones. Jamais même dans cinquante générations. J'ai toujours été un problème dans le regard des gens, des médias , des profs, de tout le monde. D'abord, on était une erreur statistique. On n'aurait jamais dû naître là. Nos parents auraient dû renter au bled après s'être brisé le dos dans les mines. Puis, on était "la problématique des enfants d'immigrés".Après ça, c'était "le problème de l'intégration". Puis quand ça, c'était réglé, y'a eu le problème des "musulmans de deuxième génération".On nous donnera toujours des surnoms, des noms scientifiques, on sera toujours dans une case différente des autres. On ne sera jamais comme les autres. En fait, on sera toujours un problème. C'est juste le nom du problème qui change avec le temps, c'est tout. Alors, non, mon gars, je ne regrette pas le Pays [La Belgique] "

Il y a un rejet pour son pays d'origine qui l'a parfois rejeté violemment. Et ce sentiment de rejet pousse certain à aller faire le Djihad.


Et les derniers tableaux sont beaucoup plus tristes. Il n'y a plus d'humour, qu'un combat entre les choix d'Ismaël. Le texte est dur émotionnellement mais il est beau par sa richesse et par la richesse du débat qu'il engendre. La pièce présente un véritable élan de réflexion, de condamnation de tous ces actes. On ne retrouve pas l'univers que j'ai pu lire dans le livre "J'ai été Djihadiste en Syrie" de Michaël Younnes Delefortrie (lien en fin de cet article) mais les critiques sont au final les mêmes. On a du mal à trouver des raisons de tels départs vers la Syrie. Au final on les retrouve parce que la société les rejète.


Cette pièce de théâtre a connu un grand succès en Belgique mais pas en France, ou très peu à ma connaissance. J'aimerai entendre ce texte, aujourd'hui, partout. Les derniers événements et notamment à Bruxelles en Belgique le 22 mars 2016 nous prouvent que la France aussi a besoin de comprendre et entendre ces mots. Je fais parti de ces lecteurs qui aiment lire et voir des pièces, j'ai su apprécier celle-ci que j'encourage à découvrir.

Merci aux éditions la Boite à Pandore pour ce nouveau partenariat. ♥

 

L'épilogue et

le dossier pédagogique

L'épilogue est écrit par Ismaël Saoudi qui revient sur l'après pièce de théâtre. Face à ce large public, il décide de laisser les spectateurs poser des questions spontanées et non préparées à l'avance. Il en présente d'ailleurs quelques unes qu'on a pour certaines déjà entendu. J'ai trouvé dommage que l'auteur n'y présente pas une réponse claire.


Le dossier a été réalisé par des élèves de cinquième (cursus belge, classe de première en France) dans le cadre d'un cours de philosophie encadré par M.Jambers. Je trouve l'idée absolument génial ! Ils ont lié leur explication à des caricatures qui sont à découvrir et défendent un droit que les terroristes ont essayé d'attaquer par les attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015 : la liberté d'expression.


Pour la première et dernière fois, je pense, je vais remercier Marine Le Pen. Grâce à ses propos : "ce n'était pas grave si les jeunes partaient faire le djihad du moment qu'ils ne revenaient pas " Ismael Saoudi s'est lancé dans l'écriture de cette pièce, au moins un effet positif !


Ce dossier reprend des propos de l'auteur et me conforte dans l'idée que l'auteur s'est laissé, par petits bouts, glisser dans cette pièce. Quelques éléments, quelques réflexions sont présents dans l'ensemble des répliques de ces trois personnages partis faire le Djihad, ce qui complète son livre "Les aventures d'un musulmans d'ici"


On y découvre le profil très court des acteurs dont un qui est passe à l'émission On ne demande qu'à en rire (ONDAR), émission que j'adorais, James Deano qui m'a fait mourir de rire dans ce sketch :

Puis des explications très riches sur les origines et les fondement du Djihad.


Ma note : 4/5

 

LIEN DE LA CHRONIQUE CITEE DANS L'ARTICLE :

"J'ai été Djihadiste en Syrie"

témoignage de Michaël Younnes Delefortrie écrit par Bruno Struys

http://vincentsauvageecrit.wix.com/lectorinsanusvincent#!OCCIDENT-CONTRE-LE-DJIHAD-Erreurs-et-responsabilités-partagées-Témoignage-à-lire-et-à-comprendre-Partenariat♥/cu6k/56ee98d30cf20dad56fa4fe7

 


bottom of page