Un Éclat Poétique ! *-* Partenariat. ♥
« Éclats d'Obus » d'Aliénor Samuel-Hervé
Merci à l'auteure d'avoir accepté ce Partenariat. ♥
Disponible aux éditions "Mon petit éditeur"
Lien : http://www.monpetitediteur.com/librairie/livre.php?isbn=9782342032772
La poésie d'une poète.
Aliénor Samuel-Hervé a rédigé un avant-propos expliquant en quelques mots les buts de ce recueil au nom évocateur. Bien entendu l'expression « Éclats d'Obus » est un rappel évident aux guerres mondiales. « L’être humain n’existe pas dans les livres d’histoire. Il est oublié dans ces listes sans fin de noms, d’hommes sans individualité » puis plus loin « L'essentiel s'efface ». Une multitude de questions essentielles qu'elle relate sans y répondre, en même temps qui peut y répondre ?
Elle explique en quelques mots le désir de s'exprimer par la poésie, et c'est ce que j'aime, même avant d'avoir lu ses poèmes. Cette envie d'écrire de la poésie pour exprimer,un choix assumé. Dans ses explications, c'est presque une évidence.
Elle a écrit et elle a ressenti des choses qu'elle veut transmettre. Le but est beau. Partager de la poésie et replacer l'individu dans un paysage qui évoque la mort.
Cette jeune poète a 21 ans, elle poursuit ses études en Master "Histoire spécialité Civilisations des Temps Modernes" à l'université Paris-Sorbonne. Elle espère ensuite poursuivre ses études en doctorat pour, à terme, devenir enseignante-chercheur.
L'écriture de poèmes a commencé à l'âge de neuf ans, Éclats d'obus est donc son second recueil, paru chez "Mon Petit Éditeur" en décembre 2014. Dans le même temps, elle a publié divers textes dans des revues littéraires .
Elle m'a confié avoir écrit ce poème sur ce sujet qui lui tenait temps pour évacuer une dépression. Voici mes avis sur quelques poèmes...
Mes avis
Je n'ai commenté que les poèmes que j'ai le plus aimé et le choix n'a pas été évident ! Je présente parfois une lecture personnelle, vous pouvez bien entendu réagir en commentaire.
Le titre du premier poème est un mot latin « Libertas », qui signifie bien évidemment « liberté », « celui qui est libre ».
On remarque immédiatement, un vocabulaire riche. Des rimes embrassées qui ajoutent de la beauté à ce premier poème surprenant.
On retrouve bien ce paysage de guerre, jouée par cette transmission d'une couleur sombre dans la strophe suivante que je trouve magnifique :
« Sur une route sombre,
Et surplombée de noir,
J’ai perdu tout espoir,
Et ne suis plus qu’une ombre »
En seulement quatre vers, elle nous offre une vision réaliste de ce paysage de destruction. Une forte présence du temps dans ce poème qui pousse tranquillement à une réflexion de la part du lecteur. Le mot « liberté » conclue ce premier poème, la liberté retrouvée, recherchée, enlevée par la guerre. Un poème que j'ai beaucoup apprécié.
On continue en toute logique avec le second poème plus court, il ne fait que 4 strophes de 4 vers. Il se nomme « D'un idéal... »
Il y a un jeu très énigmatique et maîtrisée de vers répétés, il n'y a en fait que peu de vers. J'aime beaucoup cette écriture recherchée, je l'ai lu à voix haute et l'effet de la succession de noms est géniale : « Nos âmes, nos forces, nos jours et nuits » Je suis déjà impressionné par cette si belle écriture poétique. Toujours la présence de rimes agréable à la lecture.
L'utilisation de la première personne du singulier convient aux intentions de l'auteure dans l'avant-propos qui veut donner une individualité aux hommes. J'adore lire ce poème que je trouve très accrocheur, il reste en tête. Une douce marque dans l'esprit.
Autre poème, le titre est le suivant « Quand vint la bruine ».
La poète parle clairement de temps qui passe, de temps qui efface et qui détruit. Les rimes « heures-douleur » « ruines-bruine » sont donc très accentuées en fin de vers, elles ajoutent aux lecteurs une importance évidente. On retrouve donc une souffrance, une destruction, « douleur » « s’écroule ».
En quelques vers, elle nous transmet un paysage triste, un paysage où la souffrance est marquée, j'ai ressenti cet effet de période, « avant, pendant et après » cette bruine qui efface, qui transporte avec elle, les traces.
« Il est l'heure », ce poème m'a aussi marqué.
C'est un poème très touchant, nous sommes projetés au cœur d'un quotidien de guerre. La première strophe se termine par ce vers « où le linceul devient talus » qui m'a rappelé la notion de surface, un talus c'est grand, le linceul est évidemment associé à la mort. J'y ai vu donc un talus qui donne la mort. Un important rappel à la mort est, pour moi, transmis aux lecteurs dans ce poème au titre fort.
C'est en tout cas la quatrième et dernière strophe de ce sonnet qui m'a charmé par l'évidence de sens, par la dénonciation de la guerre faîte par cette question à la réponse incertaine :
« Repas final, ultime prière,
Derniers adieux avant la guerre,
Reviendront-ils pour le dîner ? »
La fin, la mort, une idée très présente dans ce poème qui m'a beaucoup touché.
Autre poème coup de cœur « Reviens »
On se retrouve là aussi à la première personne du singulier, efficace pour inviter le lecteur à s'y projeter, la deuxième personne du singulier est aussi présente. On s'adresse à ce « tu » qui ne revient pas malgré le temps qui passe, « Le temps paraît si long ».
La poésie peut parfois offrir plusieurs sens, pour moi, le « tu » désigne la liberté, je ne sais pas si c'est l'intention de l'auteure mais c'est le sens qui m'est venu.
Le poème qui suit m'a énormément interpellé, il est titré « En guerre »
Ce poème m'a interpellé puisqu'on se retrouve là encore au cœur du combat, la vision du soldat, cette répétition dans le temps, un nouveau quotidien où on attend
« […] le dénouement
De cette longue guerre ».
Le soldat tue pour garder sa propre vie. Et c'est là que ce poème m'a fait réagir. On se retrouve face à un égoïsme certain puisqu'il tue pour être en vie. Mais il ne fait pas ça sans conséquences, et là on retrouve l'individualité, les traces de cette guerre qui se finit.
La septième strophe de trois vers résument pour moi tout le poème et suffirait presque :
« Son travail est fini,
Et son cœur meurtri,
Mais il est bien vivant. »
L'auteure ne s'arrête pas sur cette idée, toujours cette marque du temps qui revient dans les poèmes : « Mais le temps passera, Les souvenirs resteront, Il faut tourner la page. » avec cette évidence même que malgré tout le temps efface mais que les souvenirs restent. On ne déchire pas la page que l'on tourne.
Sachez que je commente les poèmes au fur et à mesure de ma lecture, et j'ai envie de tous les commenter, j'ai envie de garder de l'inédit, de vous donner envie de lire cet ouvrage, de ne pas imposer dans votre lecture et dans votre esprit le sens que je donne à ces mots.
Je ne peux pourtant pas passé à côté de ce poème, c'est juste impossible pour moi de ne pas vous transmettre quelques mots : « Tirailleur »
Un hommage. Voilà comment on peut résumé ce sonnet aux rimes suivies. Les « tirailleurs sénégalais »,
« Noire est leur peau, jusqu'à la mort
Marchent nos frères, vive la France ».
On ne dément pas la nationalité de ces tirailleurs mais ils sont désignés comme « frère », cette fraternité qu'ils ont mit du temps à pouvoir bénéficier, est magnifiquement retransmise dans ce poème. Ce poème est beau. Les sacrifices sont donnés, leurs qualités aussi. Que dire de plus « Merci » ?
Si le précédent poème commenté m'a ému, celui-ci m'a tiré les larmes très facilement, il s'agit du poème « Armistice »
Le titre évoque la fin, le soulagement, et pourtant !
Oui cette guerre a laissé un bilan lourd, a laissé une lourde trace sur le présent. Et cette marque du temps encore et toujours là que l'auteure a transmise est touchante. Je vous partage les deux dernières strophes de ce poème
« Un nouveau souffle agite
La patrie abîmée,
Médailles de mérite
Et cimetières engorgés. »
« Si le temps est heureux
La croissance reprendra,
Jusqu’au prochain enjeu
Réclamant nos soldats. ».
Le mot « soldats » est judicieusement utilisé, on ne doit pas oublier que tout peut recommencer, que ses hommes peuvent repartir risquer leur vie. Un lourd bilan transmis par le vers « Et cimetières engorgées ». Un poème touchant.
Autre poème révélateur : un soldat, un individu. Une marque certaine de cette guerre dans le poème « Partons »
Ce poème nous présente une vision d'une guerre qui marque les esprits, qui les change. Il y a ce sentiment de vouloir partir, loin, loin de cette haine et c'est ce dernier vers qui m'a tant plu « Emmène-moi ailleurs, je dois quitter la haine ». Lisez ce poème, c'est un recueil tellement beaux, que tous les textes sont à découvrir.
Ce recueil se termine par un poème nommé « Paix »
Si on dit que le temps passe, le temps n'efface pas et c'est ce qui ressort de ce poème. Il faut cependant avancer, une idée de reconstruction est clairement exprimée mais pas une idée d'oublier . Au contraire ! On veut préparer « l'avenir », :
« Vouloir instruire
Ces enfants ignorants »
Dernière strophe, dernier espoir d'une paix éternelle. La beauté de ses poèmes me donnent envie d'en lire encore et encore... Une belle plume.
Quelques mots sur le recueil
Je suis un amoureux de la poésie, de ce genre qui permet une écriture différente. Le style d'Aliénor Samuel-Hervé m'a plu, par sa simplicité de compréhension mais aussi par le travail d'écriture que l'on ressent. Des rimes, du sens, des mots et pas n'importe lesquelles. Waw !
Il y a une douceur, on ne hurle pas mais elle est arrivée à dénoncer. La Guerre, oui, mais aussi ce temps. « Tic tac » oui, c'est bien celui qui passe, avance, celui qui rend le présent, passé et le futur, présent. L'auteure a montré les marques affligées que le temps ne pourra effacer. Une beauté des mots qui transmet une émotion magnifique. J'ai été très touché par ce recueil que je conseille de lire à voix haute.
Certains poèmes m'ont laissé bouche-bée par la qualité que j'ai ressenti en les lisant. « Eclats d'Obus », de la poésie, de la belle poésie.
Les projets de l'auteur
Je vous confie les mots de l'auteure, et conclue cette agréable critique !
"Pour moi, la poésie est un moyen de communication remarquable car il suscite à la fois émotion, réflexion et évasion. Lire de la poésie ou en écrire c'est entrer en mouvement, dans une action non-violente mais certainement pas anodine, et le thème du Printemps des Poètes de cette année, "Insurrection poétique", illustre bien cette idée. J'écris donc par amour des mots, l'envie de faire quelque chose d'esthétique, mais aussi et surtout pour dire quelque chose, parler de ce qui me tient à cœur, éveiller la sensibilité. Mes futurs projets sont en rapport avec cela, je compte continuer à écrire de la poésie, de mieux en mieux, en allant plus loin dans le côté insurrectionnel pour parler de sujets qui me touchent et me préoccupent, comme le sort des espèces et espaces menacés par exemple."